L'espionnage de Guinot par L'Oréal
Paris, le 14 février 2021. Ce vendredi 12 février a eu lieu au Tribunal de commerce de Paris l’audience de plaidoiries à la suite de l’assignation de L’Oréal par Guinot. Cette audience a permis aux parties de plaider leur cause devant les magistrats. Guinot accuse L’Oréal d’espionnage et de captation de savoir-faire d’exploitation. En effet, en 2014, L’Oréal a envoyé des enquêteurs chez les franchisés Guinot, qui sont le cœur du savoir-faire, sous une identité usurpée, leur faisant croire que l’enquête était menée par Guinot lui-même.
Guinot entend voir le détournement de son savoir-faire sanctionné par la justice et obtenir réparation des préjudices subis.
« L’audience a permis de qualifier les faits et de situer l’importance des enjeux. Je fais toute confiance au tribunal.
La vérité triomphe toujours et ses ennemis en meurent ».
Jean-Daniel Mondin – Président de Guinot
L’audience de plaidoiries devant le Tribunal de commerce de Paris a eu lieu ce vendredi 12 février 2021
Rappel des faits dénoncés par Guinot :
En 2015, Guinot a découvert l’opération que L’Oréal a commanditée pour s’approprier le savoir-faire de Guinot, au profit de la société Carita qu’elle venait d’acheter un an auparavant. Guinot est le n°1 sur le marché des Instituts de Beauté dans lequel L’Oréal n’est pas présent. Depuis les années 2000, les hauts dirigeants de L’Oréal Professionnel – dont notamment le futur Directeur Général Nicolas Hieronimus, font des tentatives de rapprochement auprès de Guinot – Mary Cohr, pour conquérir ce marché qu’ils ne maîtrisent pas. Une offre d’achat écrite a été transmise en juin 2012, à laquelle Jean-Daniel Mondin, en qualité de fondateur et Président Directeur Général de Guinot n’a pas donné suite.
En septembre 2013, L’Oréal déclare renoncer à l’achat de Guinot-Mary Cohr au profit de Carita-Decléor. De nombreux articles de presse annoncent l’arrivée de L’Oréal sur le marché des Instituts de Beauté et des Spas avec ces deux marques. Pour identifier l’importance des marques sur le marché des Instituts de Beauté, L’Oréal commande une première enquête généraliste. Les résultats de cette enquête produite en mai 2014, concluent que Guinot est l’institut clé pour la pratique des soins anti-âge avec son soin phare « Hydradermie » décliné par types de peau. Ensuite, L’Oréal commande en décembre 2014 une « Étude approfondie sur l’offre Guinot auprès des esthéticiennes et des consommatrices ».
Cette enquête signée par Jacques Challes, le directeur international de la division « Recherche et Innovations », a été validée par la direction juridique. Le contrat d’enquête n’aurait jamais dû être signé et encore moins réalisé, puisqu’il violait le contrat de confidentialité lié à l’acquisition potentielle de Guinot, valable jusqu’en septembre 2015, qu’il violait également le contrat de confidentialité des franchisés chez qui l’enquête était effectuée, et qu’enfin, les esthéticiennes enquêtées n’avaient pas signé les documents écrits les informant des objectifs de l’enquête conformément au contrat établi entre L’Oréal et la société de conseil.
Il s’agit d’une enquête intrusive dans les Instituts de Beauté franchisés Guinot, qui a pour principaux objectifs de questionner les Esthéticiennes Affiliées sur la pratique, l’efficacité de leurs soins en Institut et sur l’intérêt des consommatrices pour ces soins.
L’alerte est lancée par les Esthéticiennes Affiliées qui s’étonnent d’être contactées soi-disant par des personnes mandatées par Guinot, pour d’une part comprendre la perception des Soins en Instituts, notamment ceux utilisant les appareils, et d’autre part observer l’utilisation des appareils. Leur étonnement est d’autant plus grand qu’elles se voient proposer un chèque de 100 € censé couvrir des frais de déplacement alors que l’enquêteur viendra dans leurs Instituts. Elles considèrent ceci comme un geste de corruption.
Rappelons qu’il est interdit de faire une étude approfondie sur un seul concurrent, d’autant plus dans des Instituts dont le savoir-faire est secret, exclusif et protégé. Guinot avertit l’ensemble de ses partenaires affiliés de cette tentative d’appropriation, et saisit le tribunal de commerce de Paris qui autorise la saisie de documents compromettants (à entêtes de L’Oréal), dans les locaux de la société d’enquête. Une 2e ordonnance du Tribunal permet à Guinot de saisir les mails internes à L’Oréal dans lesquels les dirigeants reconnaissent leurs fautes, en contradiction avec l’ensemble des courriers qu’ils avaient fait parvenir jusqu’ici à la société Guinot.
Les documents saisis chez L’Oréal et dans la société d’enquête démontrent l’implication de L’Oréal Professionnel puisque la marque Carita y est déjà présente de manière constante, et que des mails internes à L’Oréal font état d’une réunion de présentation de l’enquête à laquelle assiste la directrice marketing de Carita (Emmanuelle Labrousse), et la directrice des soins de la peau de L’Oréal professionnel (Florence Bénech).
Dès lors, la preuve est faite de l’espionnage, qui illustre toute l’avance de Guinot dans ce marché des Instituts de Beauté dans lequel il est le leader. Le vice-Président Directeur Général de la division « Recherche et Innovation » rencontre Jean-Daniel Mondin en son siège social rue de la paix, et lui affirme que la division L’Oréal Professionnel, dirigée par Nicolas Hieronimus, n’était pas à l’initiative de cette enquête et n’en avait pas connaissance. Guinot demande officiellement une attestation de Nicolas Hieronimus pour que ce dernier confirme qu’il n’a eu aucune connaissance de cette enquête. Aucune réponse n’aura été faite à cette demande.
Une médiation a donc été demandée à l’initiative de Guinot pour obtenir cette attestation de Nicolas Hieronimus. Il sera ensuite démontré que, en dépit des règlements et de l’éthique, le médiateur aura signé un engagement sur l’honneur d’indépendance vis-à-vis des parties pour effectuer la médiation. Or, le représentant de L’Oréal ne remettra pas l’attestation de Nicolas Hieronimus comme demandé par Guinot. La médiation a été close le lendemain de sa tenue. Par la suite, le médiateur – contrairement aux règles de la médiation, a contacté directement Jean-Daniel Mondin, Président Directeur Général de Guinot, pour continuer la médiation à titre personnel, en lui avouant avoir été mis en place par L’Oréal – ou plus exactement par l’avocat de L’Oréal, avec lequel il avait des liens personnels.
Sur ordonnance du tribunal de commerce, les huissiers accompagnés d’informaticiens ont été empêchés d’accomplir leurs missions au siège social de L’Oréal. Des témoignages inexacts de Jacques Challes, signataire de l’enquête en qualité de Directeur de l’innovation, ont été constatés dans le cadre de l’information judiciaire visant la société d’enquête, car ce dernier prétendait que L’Oréal faisait une étude sur Guinot et Carita en vue de racheter l’une ou l’autre société alors qu’ils avaient déjà racheté Carita plus d’un an auparavant.
Pour se défendre, le leader mondial de l’industrie cosmétique, au lieu d’avouer la faute, a choisi de mentir, se dérobant ainsi à ses responsabilités et enfreignant gravement les règles de loyauté des affaires. L’Oréal donne le sentiment d’avoir été motivé dans tous ses agissements par un sentiment d’impunité, ce qui est d’autant plus grave que les actions de ses dirigeants sont régies par leur propre charte d’éthique.
Il est à noter qu’en juin 2017, RTL s’est fait l’écho de l’espionnage de Guinot par L’Oréal, comme Radio Classique et Opinion Internationale. L’Oréal aurait pu utiliser les recours d’une plainte en diffamation pour supprimer le mot « espionnage » et ainsi laver son honneur, ce qu’il n’a pas fait au profit d’une plainte pour menaces et chantages, classée sans suite deux mois après son dépôt.
Tous ces faits extrêmement graves mettent en cause des hauts dirigeants de L’Oréal, dont Jean-Paul Agon, Nicolas Hieronimus, Yannick Chalmé (Directeur juridique), Laurent Attal (Vice-Président de L’Oréal – division « Recherche et Innovation »), Emmanuel Lulin (Directeur Général de l’éthique), Loïc Armand (Président de L’Oréal France), et sont contraires aux principes de la charte d’éthique qui s’applique à tous les salariés du groupe.
L’ensemble de la société Guinot et de ses Esthéticiennes partenaires ont été choqués des agissements de L’Oréal, mais sont fiers de savoir que la qualité des Soins et le savoir-faire auxquels ils ont contribué, ont suscité la convoitise du n°1 mondial des cosmétiques.
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